Dans le domaine des soins de santé, on parle de plus en plus de la nécessité d’humaniser la médecine et de centrer les soins sur le patient, ou plutôt sur la personne.

Qu’entend-on par soins centrés sur le patient?

Dans mon livre « Le cœur et l’âme: une nouvelle vie après la maladie cardiaque”, un désir que je nourrissais depuis un certain temps s’est concrétisé: placer la personne au centre du récit de l’expérience de la maladie et de la santé.

Dans cet essai, j’ai voulu partager mes émotions en tant que personne et en tant que psychologue dans les services de cardiologie, mais surtout, j’ai voulu aborder la maladie cardiaque, principale cause de décès dans notre pays, du point de vue du patient. Il est le protagoniste de cette histoire, qui nécessite une narration et une écoute attentive et profonde.

Non seulement l’événement aigu est effrayant, mais c’est aussi le retour à la maison qui génère des sentiments et des émotions ambivalents chez les personnes: il y a la joie de rentrer à la maison, mais aussi la peur, l’anxiété et l’inquiétude pour l’avenir.

Après l’opération, comment ma vie va-t-elle changer ? Pourrai-je faire les mêmes choses qu’avant?

C’est une question existentielle qui mérite respect et attention. On rentre chez soi et, si on le veut vraiment, on change sa façon de vivre, sa façon de se comporter, sa façon d’être. On a une nouvelle chance.

Changer sa façon de vivre, d’être au monde, ne signifie pas mettre un masque, mais l’enlever et montrer sa vraie nature. Car dans la maladie, on se sent plus fort, comme si le corps s’arrêtait et que l’âme pouvait faire un pas en avant.

Mon expérience des dix dernières années dans le domaine de la psychologie de la santé, et en particulier de la cardio-psychologie, m’a conduit à une prise de conscience de plus en plus profonde que l’esprit et le cœur ne peuvent être séparés.

Le myocarde n’est pas seulement un organe qui pompe le sang, le cœur est le noyau de l’émotion, de l’énergie vitale et se recharge par la manière dont nous vivons, dont nous sommes avec les autres et avec nous-mêmes.

Je crois fermement que l’homme est l’auteur de son propre changement et que la maladie peut être une occasion de croissance, de renaissance et d’une nouvelle façon de vivre.

Tout au long de mon expérience professionnelle, j’ai essayé de parler de la maladie d’une manière holistique et intégrée, en allant au-delà du diagnostic et de l’étiquette clinique, mais surtout, à travers les témoignages des patients, j’ai voulu parler du cœur comme d’une blessure de l’âme, qui a besoin d’attention et de soins. Il est donc important d’aider les patients à traiter l’événement traumatique qu’ils ont subi afin qu’ils reprennent confiance en eux et en leurs possibilités.

L’expérience de la maladie n’affecte pas seulement le physique, mais aussi une partie plus interne, l’âme.

Ce livre a vu le jour principalement grâce à eux, aux personnes que j’ai rencontrées à l’hôpital au fil des ans et qui m’ont aidée à comprendre ce que signifie vraiment « prendre soin de soi ».

Il ne s’agit pas seulement d’arrêter de fumer, de faire de l’exercice et de surveiller son alimentation… mais avant tout d’apprendre à prendre plus de temps pour soi et d’essayer de s’aimer un peu plus.